Loi Santé : entre réelles avancées et vraies hésitations
Au-delà du tiers payant, sur lequel l’attention publique s’est largement concentrée, la loi santé telle qu’elle a été promulguée comprend de nombreux autres points qui méritent tout autant que l’on si arrête, en ce qu’ils enclenchent le mouvement vers des politiques de santé publique privilégiant la prévention, la promotion et l’appropriation de la santé. C’est le cas avec les mesures de lutte contre le tabagisme, avec la reconnaissance de l’activité physique comme un véritable déterminant de la santé ou encore avec l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque. C’est aussi le cas avec le signal envoyé vers une plus grande vigilance en matière de nutrition, quoique beaucoup plus discrètement à ce stade. Sans oublier l’émergence de nouveaux droits, droit à l’oubli pour les personnes souffrant ou ayant souffert d’une affection de longue durée, droit à l’action de groupe pour celles et ceux dont le traitement aurait entraîné des dommages médicaux supplémentaires.
L’acceptation de ces mesures pourtant nécessaires se heurte encore parfois à de fortes résistances. L’assouplissement de la loi Evin, lourd échec pour celles et ceux qui entendent placer les impératifs de santé au cœur de toutes les politiques publiques, démontre que l’inclusion pleine et entière de ces problématiques dans notre culture commune et nos décisions collectives est encore à construire.
A cet égard et parmi les pistes ouvertes par la loi, deux semblent devoir faire l’objet d’une attention toute particulière : les premières allusions à une politique de santé environnementale et une meilleure territorialisation des politiques de santé. Le texte en pose les premiers jalons, mais il sera nécessaire d’aller bien plus loin si l’on veut pousser la logique à son terme. Les décrets attendus seront l’occasion d’affirmer ces orientations. Paris, à son échelle, y est prêt : son Plan de santé environnementale et le développement de ses Conseils locaux de santé ou de santé mentale, au niveau des arrondissements, permettent en effet d’entrer dans la concrétude des choses. Mais c’est bien l’ensemble des pouvoirs publics, et à tous les niveaux, qui devront s’emparer de ces sujets. Pour la santé de tous les Français.