La SCMR, le Samedi qui Sauve et les Assises parisiennes de la santé

La création de la SCMR parisienne, la première édition du Samedi qui Sauve et le lancement des Assises parisiennes de la santé participent d’une même dynamique.

Le Conseil de Paris vote la création de la salle de consommation à moindre risque

Le Conseil de Paris de mars aura compris, en matière de santé publique, un temps particulièrement fort : l’attribution d’une subvention d’investissement à l’association Gaïa, en vue de la création de la salle de consommation à moindre risque.

Cette décision fait suite de quelques jours seulement à la publication par le Ministère de la santé d’un arrêté encadrant les dispositifs de ce type. La SCMR parisienne ouvrira dans le Xème arrondissement de Paris, adossée à l’Hôpital Lariboisière, à l’automne prochain. C’est une véritable avancée à tout point de vue. Sur le plan sanitaire, pour réduire les risques liés à la consommation de drogue et enclencher l’entrée dans des traitements de substitution ou de sevrage. Sur le plan social, pour garantir un meilleur accès aux droits et aux services sociaux à des habitants parmi les plus précarisés et stigmatisés de Paris.

Mais aussi sur le plan de la tranquillité publique et de la qualité de vie générale, pour diminuer les nuisances – réelles – entraînées pour l’ensemble des riverains par les pratiques d’injection dans l’espace public. La première salle de consommation à moindre risque a ouvert en Suisse il y a 30 ans. Beaucoup d’autres ont vu le jour depuis, à Vancouver, à Sydney, à Rotterdam, à Barcelone, en Allemagne ou au Luxembourg… L’expérience est telle que la réussite de cette démarche ne peut faire de doute ; même si le dispositif sera régulièrement évalué et ses résultats analysés avec attention, comme toute décision publique devrait l’être. Deux certitudes toutefois prévalent d’ores et déjà : le regret quant au retard pris par la France en la matière et ses conséquences. Et la fierté d’avoir enfin débouché sur cette ouverture, au service d’une politique de santé éclairée, solidaire et inclusive.

Succès de la première édition du Samedi qui Sauve

Ceux qui y ont participé le samedi 26 mars pourront témoigner du succès de cette initiative dont le lancement avait été décidé peu après les attentats de novembre. Afin de répondre à la forte demande en matière d’apprentissage des premiers secours qui s’était alors exprimée, mais aussi parce qu’il s’agit d’un impératif de santé publique considérant la faible part des Français à y être formés, ce Samedi qui Sauve a permis à 3500 Parisiens de se sensibiliser aux gestes qui sauvent, soit lors de sessions de deux heures organisées dans les Mairies d’arrondissement, soit dans le cadre d’échanges organisés sur le Parvis de l’Hôtel de Ville avec les principaux opérateurs de secours. La Brigade des Sapeurs Pompier, le Samu, la Croix-rouge et la Protection civile se sont ainsi réunis à l’initiative de la Ville de Paris pour aller massivement à la rencontre des habitants. L’Etablissement Français du Sang, également présent, a pu procéder à une collecte sur le Parvis.

Les retours de l’ensemble des participants, bénévoles comme Parisiens, ont témoigné d’un très fort engouement et d’une certaine fierté devant tant de résilience et de solidarité. Le Samedi qui sauve, c’est la réaction d’une société parisienne qui choisit l’altruisme et la solidarité. Une société où on prend soin de l’autre, au quotidien, plutôt que de s’enfermer dans les angoisses et les peurs.

L’organisation d’une autre édition de l’évènement dans quelques mois a d’ores et déjà été actée, alors qu’il était initialement envisagé sur une base annuelle. Il n’est en outre pas impossible que l’idée fasse des émules à l’étranger, puisque des responsables de services de secours italiens et portugais ont montré leur intérêt pour l’initiative en s’arrêtant sur le Parvis pour discuter avec leurs homologues.

Lancement des Assises parisiennes de la santé

Les Assises parisiennes de la santé seront lancées avec Anne Hidalgo à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le jeudi le 7 avril, en présence notamment du médecin et animateur Michel Cymès et de la journaliste Claire Hédon. Ces Assises qui se dérouleront sur toute l’année constitueront le premier débat de cette envergure consacré à la santé à Paris, avec une concertation menée à de multiples niveaux – au niveau thématique, avec l’organisation de cinq grands débats sur la santé des enfants, des jeunes, des personnes en perte d’autonomie ainsi que sur la santé des plus précaires et les dimensions territoriales de la santé ; au niveau local, avec la mobilisation des Conseils locaux de santé et des Conseils locaux de santé mentale sur les problématiques qu’ils auront identifiées comme prioritaires ; et enfin au niveau des citoyens avec une concertation qui sera lancée autour de 40 grandes questions dont chacun pourra s’emparer afin d’exprimer difficultés, idées et propositions. La restitution de ces Assises permettra tout à la fois la plus vaste discussion jamais entreprise sur les sujets de santé publique dans notre ville, une évaluation approfondie des outils que nous avons déployés jusqu’à aujourd’hui, et enfin le prolongement ou la réorientation, lorsque nécessaire, de nos politiques de santé pour les rapprocher toujours plus des besoins des Parisiens.

Création de la SCMR, Samedi qui sauve et Assises parisiennes de la santé participent d’une même dynamique, qui vise à faire passer la santé du statut de variable d’ajustement des politiques publiques qu’elle a trop souvent occupé à celui de déterminant de ces mêmes politiques. A Paris, les années 2014 et 2015 ont permis une première inflexion dans ce sens. L’année 2016 et celles qui lui succéderont permettront de poursuivre sur cette lancée et d’entrer dans la phase concrète des réformes ainsi engagées.

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