Virage ambulatoire : Le Conseil de surveillance de l’AP-HP va créer un groupe de travail

Entamé depuis plusieurs années, le virage ambulatoire n’a pas fini de produire ses effets. C’est même le plus important qui s’annonce. Car jusqu’ici, les raccourcissements des séjours hospitaliers ont été menés sans redéfinition conséquente des articulations entre l’hôpital et le système de soins primaires. Poursuivre le virage ambulatoire impose maintenant de modifier l’organisation de notre système de santé :

  • Le renforcement des soins primaires est une condition du virage ambulatoire. Depuis quelques années, l’activité des infirmières et kinés de ville est en forte hausse, en partie avec l’amorce du virage. Cette hausse bute maintenant sur une offre mal répartie et mal rémunérée, qui répond difficilement aux demandes des patients sortant de l’hôpital. De même, la chute de la démographie des généralistes représente un réel obstacle. Ces 3 professions de santé s’avèrent indispensables dans la gestion de l’aval hospitalier.
  • Cet aval hospitalier constitue un des principaux enjeux du virage ambulatoire. Si l’hôpital a su évoluer et sortir de sa caricature d’hôpital-citadelle, il continue à s’inscrire avec difficultés dans un parcours de soins dont les décisions seraient partagées avec l’ambulatoire. On est encore loin de l’organisation québecoise où la décision de retour au domicile est partagée avec la ville via le CLSC.
  • Ce sont donc des enjeux organisationnels qui s’imposent et demandent à redéfinir le lien hôpital-ville en amont et en aval de l’hospitalisation. Il doit être clair que de nouveaux process nécessitent de nouveaux moyens, tant il est établi qu’il ne s’agit pas d’un transfert simple de financements hospitaliers vers la ville, mais aussi de nouveaux financements.
  • La question sociale doit aussi être réglée : on ne retourne pas au domicile dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire et de soins lorsque la prise en charge sociale est insuffisante et l’autonomie vacillante. Sans dispositif étendu de dispense d’avance des frais de soins de ville, le virage ambulatoire est menacé.

La création d’hôtels hospitaliers n’apportera qu’une partie des réponses. Des enquêtes à jour donné évaluent la proportion de patients hospitalisés susceptibles de quitter leur lit le jour même à près de 25%. Mais seule une part pourrait relever d’un hôtel hospitalier.

Pour les autres, c’est une nouvelle organisation de l’articulation entre l’hôpital et les soins de ville qui apportera une solution. C’est un défi inédit, qui ne se résume pas à une adaptation capacitaire mais transforme profondément la conception d’un système de soins toujours hospitalo-centré.

C’est cette réflexion à laquelle le Conseil de surveillance de l’AP-HP va apporter sa contribution, en complément des travaux menés par la CME et la direction générale,  avec un groupe de travail dont la création doit être actée le 24 mars. Ses conclusions sont attendues 6 mois plus tard.

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