Stock-options, Bonus : jusqu’où ?

Alors que la crise s’accroît chaque jour, que le chômage explose littéralement, que la vie de beaucoup est plus difficile, quelques-uns s’accordent des dizaines de millions d’euros de « bonus ». Comment expliquer ce comportement inique, égoïste et rapace ?

Les grecs anciens l’appelaient Hubris. L’ Hubris, c’est la démesure, qu’ils estimaient être le principal poison de la vie collective. Cette démesure est à l’œuvre dans notre société. Démesure des bénéfices de grands groupes industriels qui accumulent les milliards d’euros. Démesure de la débâcle financière qui impose aux Etats d’injecter des centaines de milliards d’euros dans les banques. Démesure des conséquences pour ceux qui perdent leur emploi et voient leur patron gagner toujours plus.

Démesure des dirigeants de tous ces groupes, dont les « bonus » se comptent en dizaines d’années de Smic. L’Hubris est là, elle vient parapher l’abandon des valeurs morales communes de la société démocratique, forgées depuis la Grêce antique et revisitées par la philosophie des lumières, qui amélioraient depuis deux siècles le partage des richesses collectives.

A l’idéal de bien commun et de progrès, aux valeurs d’égalité, de solidarité et de fraternité ont succédé la réussite personnelle, l’amassage d’argent, l’ étalage de biens matériels et le mépris de celui qui a moins.

C’est précisément parce que ce système de valeurs est devenu une référence pour les convertis du libéralisme qu’ils ne comprennent pas ce que leur comportement a de choquant pour la grande majorité de nos concitoyens. Les bonus, les stocks-options sont consubstantiels du système de pensée dans lequel ils évoluent. Les mettre en cause, c’est mettre en cause le système lui-même et ils ne peuvent l’imaginer.

Alors, contre vents et marées, malgré les protestations de l’opinion publique, ils continuent.

Le Chef de l’Etat a sans doute compris que leur attitude est suicidaire. Que trop c’est trop, et qu’il est temps de prendre des mesures…symboliques. Oui, symboliques, visant les excès les plus voyants. mais rien de plus. Car parions que le principe général qui amène des dirigeants à s’attribuer des millions d’euros quand d’autres perdent leur petit salaire ne changera pas : il faudrait renouer avec des valeurs bien éloignées de l‘Hubris.

Et l’Hubris moderne, c’est aussi le bling-bling si cher à notre président, c’est aussi le bouclier fiscal qui protège les plus riches pendant que les charges s’accroissent sur les autres, c’est aussi une ligne politique qui ne se soucie que si peu de l’intérêt général.Toutes orientations voulues par Nicolas Sarkozy.

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