Quelques vérités simples sur les retraites
En annonçant le débat sur l’avenir de notre système de retraites, le gouvernement avait promis d’engager un large débat démocratique, aux enjeux compréhensibles par tous les citoyens, pour aboutir à l’automne aux décisions. Depuis, il a accéléré le rythme, multiplié les ballons d’essai et rendu le débat volontairement confus. Je vois 3 hypothèses se dégager qui chacune ont une signification politique claire. Rien n’a démenti ces 3 hypothèses qui sont des vérités simples et bonnes à dire, qui révèlent des choix profondément politiques.
La première hypothèse est le report de l’age légal de la retraite, actuellement fixé à 60 ans. Son report, alors que l’espérance de vie s’accroit, peut paraitre de bon sens. En y regardant de plus près, on constate que pour partir à 60 ans avec une retraite à taux plein, il faut avoir commencé à travailler tôt – avant 20 ans. Ce sont donc celles et ceux qui n’ont pas fait d’études supérieures qui peuvent partir à 60 ans. Le report de l’age légal à 62 ou 63 ans ne sera pas supporté pas les cadres supérieurs mais par les ouvriers et les employés qui sont entrés jeunes dans la vie active. Or ce sont aussi ceux qui ont l’espérance de vie la plus courte. C’est une première vérité et un premier choix.
La seconde hypothèse est l’allongement de la durée de cotisations à 42 ou 43 ans. Cet allongement touche plus fortement celles et ceux qui ont commencé tard à travailler et devront aller jusqu’à 65, 67 ans ou plus pour percevoir une retraite complète. Dans cette option, les cadres et les les professions de niveau d’études supérieures sont particulièrement touchées.
La troisième hypothèse est d’aligner la taxation des revenus du capital sur ceux du travail, de les soumettre aux mêmes prélèvements sociaux. Dans cette hypothèse, ce sont bien sur ceux dont la part de revenus tirés du capital est la plus importante qui sont mis à contribution.
Le choix de faire porter l’effort sur les uns ou les autres est un choix politique qu’il faut assumer.
L’orientation prise par le gouvernement favorise la première hypothèse et frappe donc durement les ouvriers et employés. Elle use ensuite, de façon plus modérée, de la seconde hypothèse et elle fait quasiment l’impasse sur la troisième.
Ce faisant, le gouvernement choisit de faire payer le plus ceux qui ont le moins. Une réforme des retraites juste et équitable devrait pourtant commencer par l’alignement des prélèvements des revenus du capital sur ceux du travail, mettre à contribution les catégories les plus favorisées et épargner ceux qui ont commencé à travailler tôt et exercent des métiers pénibles.
Mais peut-on réellement dialoguer avec un gouvernement qui a montré depuis bien longtemps que le clientélisme était sa ligne politique ?