Paris 2020 : Un air de qualité, c’est possible.
Vaincre la pollution de l’air à Paris est prioritaire et possible. Il n’est plus acceptable de continuer à contempler les dégâts sanitaires sur les enfants, les personnes âgées et l’ensemble des habitants de l’agglomération.
La perte d’espérance de vie pour chaque parisien – au moins 8 mois – place la pollution de l’air en tête des questions de santé publique à résoudre. Il est temps d’agir.
Soyons réalistes. Il n’y a pas de solution immédiate pour ramener la qualité de l’air à des niveaux acceptables pour notre santé. Ce n’est pas réalisable en quelques mois. Et ce n’est pas par une mesure unique que nous y parviendrons : c’est par un ensemble cohérent et volontariste de décisions. L’efficacité plutôt que le pseudo-spectaculaire.
Ayons aussi à l’esprit qu’il ne s’agit pas de lutter contre un seul polluant, mais de s’attaquer globalement à l’ensemble de ceux-ci, faute de quoi les atteintes à la santé se poursuivront : Particules fines, Ozone et No x sont tout aussi toxiques les uns que les autres.
A ces conditions, il est possible de retrouver en cinq ans un air de qualité acceptable pour notre santé. Et pour peu que chacun s’engage.
La responsabilité de l’Etat et des gouvernements successifs dans la situation actuelle est écrasante. La politique d’encouragement à l’achat des véhicules les plus polluants – les moteurs diesel – a fortement contribué à accroître les émissions de polluants dans l’air.
A la fin des années 90, alors que Lionel Jospin gouvernait, Dominique Voynet, Ministre de l’environnement réclamait la fin des avantages fiscaux sur le diesel. Ce fut une fin de non-recevoir venant du Ministre de l’économie et des finances, Laurent Fabius, puis du 1er ministre. Les gouvernements de droite qui se sont ensuite succédé ont poursuivi exactement la même politique. Chantal Jouanno et Nathalie Kosiuscko-Morizet, Ministres de l’environnement, n’ont jamais protesté, jamais tenté ce que Dominique Voynet avait essayé d’obtenir. Pourtant, les preuves de la dangerosité du diesel s’accumulaient.
15 ans plus tard, nous payons aujourd’hui la note sanitaire de ces irresponsabilités ministérielles. Le gouvernement Ayrault se trouve face au même choix. Il doit enclencher sans tarder et poursuivre sans hésitations un mouvement d’inversion des fiscalités sur le diesel et les autres carburants. Et consacrer cette nouvelle fiscalité- 7 milliards de manque à gagner selon la cour de comptes- non pas à se perdre dans le budget de l’Etat, mais la redistribuer sous forme de chèques mobilité pour aider les ménages à opérer une conversion durable de leurs moyens de transports.
Sans cette impulsion, les conséquences sanitaires vont s’accroître et les efforts des collectivités locales seront ruinés.
Paris ne peut agir efficacement sans cet engagement du gouvernement.
Mais elle doit elle-même s’engager fermement dans une politique de mobilités durables. L’accroissement des mobilités répond à une demande de la société de plus d’échanges, de réactivité et d’interactivité. Autant dire qu’une diminution des déplacements n’est pas à l’ordre du jour. Il faut en prendre acte, faute de quoi le risque serait grand d’aboutir à un nouveau constat d’échec dans quelques années. L’enjeu est bien de bouger sans polluer !
La conjonction et la poursuite dans le temps des 4 axes suivants sont indispensables pour lutter efficacement contre la pollution :
L’organisation de la métropole doit être pensée à l’aune d’une rationalisation des déplacements. Et pour cela dépasser les égoïsmes locaux en termes d’aménagements. Cet outil ne produira toutefois pas de résultats à court terme.
L’investissement dans les transports en commun va prendre une nouvelle dimension avec le Grand Paris Express. Il n’exonère pas la ville de Paris de mener une politique plus offensive en la matière ; politique ébauchée en 2001, essoufflée depuis 2008. L’absence de projets de tramways dans le cœur de Paris en est le symbole, de même que l’absence de politique de développement des espaces piétons et cyclistes.
La dissuasion envers les véhicules les plus polluants et les plus gourmands en carburants est un outil nécessaire, qui doit avoir pour contrepartie l’aide et l’incitation à l’abandon de ces véhicules et au transfert vers des véhicules non polluants.
Le développement d’une économie de services en lieu et place d’une économie de possession permettra de réduire le nombre de véhicules en circulation et modifiera durablement les comportements. Auto-partage, co- voiturage, location, taxis partagés entrent dans ce champ. Autolib’ en revanche pousse les non-automobilistes à conduire : il faut en prendre acte.
L’appropriation par les habitants de la métropole de cette politique ne peut se faire qu’avec leur participation active. L’écologie ne réussira la transformation de nos comportements que par la concertation et la démocratie. Aucun changement des comportements ne pourra se réaliser sans des réponses partagées aux préoccupations des franciliens en matière de déplacements.
Aussi, la place de la contrainte dans une politique de mobilités durables doit être limitée au strict nécessaire.
Les mesures de contrainte doivent essentiellement viser à la régulation du trafic en cas de dépassement des seuils d’alerte sanitaire et à l’application du principe pollueur-payeur par l’instauration de péages au niveau de la zone urbaine dense.
L’enjeu de la qualité de l’air en Ile-de-France impose de prendre des mesures rapides et coordonnées. Un grand débat régional doit être lancé et une Conférence métropolitaine réunie avant la fin de l’année sur ce thème pour en fixer les orientations avec la participation des citoyens.
Paris doit en prendre l’initiative pour retrouver dès 2020 un air de qualité. C’est possible !