Mariage, droit de vote : le choc des idées
Alors que l’opinion publique approuvait à une majorité toujours plus forte le projet de mariage pour tous, la droite et les églises ont relancé le débat.
Fidèles à leurs convictions, les autorités religieuses défendent la vision d’une famille fondée sur un homme, une femme et des enfants et évoquent un changement de civilisation. Elles en ont parfaitement la légitimité et le droit de s’exprimer librement. Je ne fais pas partie de ceux qui contestent aux religions le droit de donner leur avis ; je leur conteste seulement celui d’imposer leur vision à l’ensemble de la société.
La droite a conjointement déclenché une offensive politique reprenant les mêmes arguments.
Les effets sur l’opinion publique ont été immédiats. La majorité favorable au mariage pour tous a perdu du terrain. Certes elle est toujours majoritaire, et elle peut compter sur une majorité politique à l’Assemblée nationale pour voter la loi. Mais on voit bien là que l’offensive idéologique a une traduction politique, que le fait d’être pugnace et déterminé dans la défense d’une vision de la société produit un impact et fait bouger les lignes. Alors même que le combat politique est perdu d’avance au parlement, la droite ne renonce pas.
Et il y a fort à parier que son offensive lui rapportera un recul sur certains aspects de la loi relatifs à l’adoption et à la parentalité.
Car la Gauche parait avoir renoncé au débat d’idées. Il flotte dans l’air comme le sentiment qu’elle se satisferait de sa majorité politique et oublierait que seule une majorité d’idées inscrit une réforme dans la durée.
Sur le droit de vote des étrangers, le renoncement apparaît total. Le terrain idéologique est laissé à la droite. Il se murmure que la Gauche pourrait même renoncer à mener la bataille au Parlement !
Ce serait une faute morale et une grave erreur politique. Il faut mener le débat face à ceux qui prônent une société de repli identitaire, effrayés par l’altérité et ses différentes expressions. Car ils dénoncent le droit de vote des étrangers comme ils dénoncent le mariage pour tous, crispés par la peur d’un avenir qui ne sera pas le passé. Comment ne pas voir que ces 2 débats sont liés par le même choix entre un pays qui stagne et un pays qui va de l’avant ?
Nous devons montrer à l’opinion publique que nous défendons une société ouverte, accueillante et tolérante sur tous les fronts, sans en abandonner un seul. Et affirmer la conviction que seule une société fraternelle peut affronter les durs défis économiques ; que le repli identitaire ne mène pas au développement durable.
Aux citoyens, aux associations de se faire entendre des parlementaires pour leur rappeler que le choc des idées a fondé leur élection et que le renoncement n’est jamais une bonne politique.
Bernard Jomier
Maire-adjoint Paris 19e