Le vent mauvais de l’été

Malmené par ses échecs répétés dans tous les domaines et par les dérives de son pouvoir clientéliste, Nicolas Sarkozy tente de reprendre la main en exacerbant les tensions. En voulant  » diviser pour mieux régner « , il préfère ses intérêts personnels à l’intérêt général du pays. Une fois de plus…

Le vent mauvais s’est d’abord levé en brise de printemps avec le retour du Front national lors des régionales. Des années de montée de la violence dans notre société habilement exploitée ont ramené le FN à des scores bien trop élevés.

En son temps, face à ce phénomène, Jacques Chirac avait au moins eu le mérite d’édifier une digue, de refuser que la résolution des tensions sociétales passe par le système des boucs émissaires et de la stigmatisation des étrangers.

Nicolas Sarkozy, lui, n’ est pas un véritable Homme d’Etat en ce qu’il n’hésite pas à user de moyens infâmes pour parvenir à ses fins. Il veut garder le pouvoir en 2012 et il a choisi d’y parvenir en divisant le pays.

Les responsables des actes de délinquance ? Les étrangers ! Les tueurs de gendarmes ? Les roms ! Les émeutiers de Villiers-le-Bel ? Les noirs ! Et les délinquants français ? Cherchez bien, ils sont d’origine étrangère !

Des ministres, des responsables de l’UMP et certains discours médiatiques relaient en boucle ces thèmes nauséabonds. On aura même entendu des analystes lire dans le comportement des footballeurs français une origine ethnique, et a contrario glorifier un brillant sprinter en soulignant à l’envi qu’il fut le premier blanc à courir les 100m en moins de 10 secondes.

J’ai entendu ces dernières semaines dans notre arrondissement revenir avec insistance un discours de plaintes vis-à-vis des jeunes d’origine étrangère pointés comme fauteurs de trouble. La brise de printemps s’est transformée en un vent mauvais à l’été.

La véritable réponse à ces discours xénophobes n’est pas de nier les actes des uns ou des autres. Elle est de rappeler que notre société a depuis 30 ans érigé la production de biens, l’accumulation de richesses et d’argent en modèle de réussite sociale. On n’admire plus celui qui transmet un savoir, celui qui réfléchit et questionne ou celle qui soigne. Non, on glorifie celui qui gagne le plus, qui accumule des biens et fête son anniversaire au Fouquet’s.

Aux derniers arrivés – aux migrants – notre société ne laisse de place que s’ils sont puissants économiquement sans leur donner les moyens d’y parvenir. Comment une fraction de cette jeunesse fragilisée par la modification rapide de ses repères culturels ne sombrerait-elle pas dans la tentation de gains rapides et illégaux ?

Si les écologistes défendent depuis toujours un partage plus équitable des ressources, c’est parce que nous savons bien que les inégalités croissantes engendrent la frustration et génèrent la violence.

Ce n’est pas en emboitant le pas aux réponses sécuritaires, dont l’escalade ne résoudra jamais les problèmes, que nous ferons baisser la violence dans notre société. C’est en changeant ses valeurs et son modèle de développement. Il le faut si nous ne voulons pas voir notre pays livré à la tempête xénophobe.

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