Autoroutes et Périphérique payants : pourquoi ?
Dans une interview au Journal du dimanche du 6 janvier, Denis Baupin, candidat des Verts à la mairie de Paris, propose de rendre le boulevard périphérique et les autoroutes franciliennes progressivement payants. Depuis, le débat fait rage autour de cette proposition. L’ UMP Roger Karoutchi agite une fois de plus les « khmers Verts ». Le PS se tait ou prend position contre, à l’image de Jean-Christophe Cambadélis.
Les arguments avancés sont solides :
- C’est d’abord l’application du principe pollueur-payeur, devenu constitutionnel depuis son inscription dans la charte de l’environnement sous le vocable « pollueur contributeur ».
- C’est aussi une question de justice sociale. En effet, l’usager des transports en commun paie 2 fois : comme contribuable, il finance les infrastructures, et comme usager il paie un ticket. L’automobiliste, lui, ne paie que comme contribuable, pas comme usager. De plus, toutes les études montrent que le tiers des habitants les plus riches utilise sa voiture chaque jour à 31% contre 9% pour le tiers le plus pauvre.La justice sociale, c’est de baisser les coûts des transports en commun et d’augmenter ceux de la voiture individuelle !
- C’est une mesure bonne pour l’environnement car il s’agit d’un système de taxation progressif, en fonction du niveau de pollution : d’abord les camions, les 4×4 et les véhicules les plus polluants.
- C’est une proposition qui permettra de financer de nouvelles lignes de transports en commun : bus, tramways, rocade de métro : les projets sont nombreux et nécessaires pour réduire la pollution et améliorer les dessertes, particulièrement en banlieue. Selon la Direction régionale de l’équipement d’Ile-de-France, la mesure appliquée aux seuls camions rapporterait 300 millions d’euros par an : un montant qui permettrait par exemple de financer à lui seul 50% du métrophérique en 10 ans.
- C’est une mesure qui s’impose naturellement dans toutes les grandes villes européennes. Avec des modalités diverses, Milan, Londres, Stockholm, Oslo, Berlin mettent en place des mesures de restriction de circulation avec péage urbain. Parce que toutes ces villes sont confrontées à la nécessité de réduire la pollution, les émissions de gaz à effet de serre et de financer des transports en commun de qualité.
On voit là ce que valent que les cris d »orfraie poussés par ceux qui s’indignent de cette proposition. Quelle mesure concrète avancent-ils pour réduire la pollution ? pour donner suite aux recommandations du Grenelle de l’environnement ? Ils veulent bien de l’écologie, mais en paroles. Or, c’est d’actes dont nous avons besoin.
Paris doit avoir un temps d’avance, pas vingt ans de retard.