11 février 2015 : le temps d’un nouveau souffle pour l’accessibilité

Tribune de Bernard Jomier publier sur le Huffingtonpost

Partout en France, les personnes en situation de handicap éprouvent de grandes difficultés au quotidien pour accéder à la vie de la cité.

Pourtant, nous fêtons les 10 ans de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. C’est une loi qui a été conçue avec le monde associatif et institutionnel et porte la notion d’inclusion, ce qui signifie que la société doit utiliser toutes les ressources dont elle dispose pour que chacun ait des chances égales de prendre part à la vie de la société, quelque soit son handicap.

Ce combat, rappelons-le, était aussi celui de la loi du 30 juin 1975 pour l’obligation nationale de l’intégration des personnes handicapées.

Il découle naturellement de cette approche la notion d’accessibilité. Pour que chacun puisse exercer librement ses choix de vie, la cité doit s’ouvrir et s’adapter dans l’ensemble de ses dimensions : vie sociale et citoyenne, études, loisirs, vie professionnelle, affective et familiale.

L’heure du bilan est contrastée. La promulgation de la loi de 2005 n’a pas suffi. Les obstacles techniques et financiers ont été réels. Mais s’ils n’ont pas été suffisamment franchis, c’est aussi que notre société n’a pas su, pas voulu les aborder avec assez de force, de volonté.

Nous n’avons pas encore gagné la bataille de l’opinion publique, pour que les handicaps ne soient pas seulement vus à travers le prisme de la déficience physique, sensorielle, intellectuelle ou psychique de l’autre, mais à travers nos propres difficultés à aborder la différence de l’autre. Car c’est seulement lorsque la société cessera de scotomiser les personnes handicapées que le handicap cessera d’être une différence stigmatisée.

La prise en compte des handicaps dans chaque projet des pouvoirs publics, des institutions, des entreprises, des associations est un combat sociétal qui traduit la valeur que nous accordons à la dignité humaine.

Comme souvent, les décisions politiques sont le fruit du volontarisme des responsables mais aussi du partage par la société d’une culture, en l’occurrence la culture du handicap. Le défaut d’engagement des uns doit aussi être lu à l’aune d’un retard collectif dans ce domaine.

Nous devons appliquer la loi de 2005. C’est une obligation morale et une responsabilité légale.

J’y suis pour ma part déterminé, avec le plein engagement de la Maire de Paris. Les agendas d’accessibilité programmée vont permettre à la collectivité parisienne d’amplifier sa politique d’inclusion avec une méthodologie à la fois plus exigeante et pragmatique.

Nous devons faire preuve d’agilité pour aboutir au plus vite à l’accessibilité de chaque fonction de la Ville à tous les handicaps. Un enfant handicapé doit pouvoir aller à l’école à proximité de son domicile, quelque soit son handicap, et y accéder à l’ensemble des services de son école. Cette accessibilité de fonction doit nous guider pour respecter scrupuleusement l’esprit de la loi de 2005.

Mais l’accessibilité de la cité, c’est aussi l’accueil naturel et respectueux qui doit être réservé aux usagers, l’accès aux informations destinées au public, l’accès aux services dématérialisés et aux outils numériques. Cette accessibilité doit être connue par les usagers, qui souffrent souvent d’un manque d’informations fiables et pratiques sur l’accessibilité des lieux et services qu’ils aimeraient expérimenter.

Les efforts financiers sans précédent que Paris a décidé d’engager pour les 5 prochaines années dans l’accessibilité complètent une approche visant à accroitre la visibilité des personnes handicapées dans les espaces publics parisiens. Car notre ville doit montrer que son modèle est celui d’une cité qui accueille et donne la même place à tous ses citoyens, celui d’une ville où l’égalité fait sens, et où la fraternité n’est pas qu’un mot mais un état d’esprit.

Paris est candidate à l’organisation de l’exposition universelle de 2025. Elle doit, elle peut devenir bien avant une référence universelle en termes d’accueil des personnes handicapées et remplir ce rôle exemplaire de dynamique sociétale qui la caractérise depuis des siècles.

Enfin, l’innovation est au cœur de la politique que j’entends mettre en œuvre, nourrie d’expériences réussies en France comme à l’international et qui pourra servir de modèle pour toutes et tous ceux qui, comme moi et comme la Maire de Paris, souhaitent réussir ce pari de l’accessibilité pour tous.

http://www.huffingtonpost.fr/bernard-jomier/accessibilite-handicapes_b_6658556.html?utm_hp_ref=france

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